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Brise marine

mardi 22 juillet 2014, par Silvestre Baudrillart

  • La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
  • Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres
  • D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
  • Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
  • Ne retiendra ce coeur qui dans la mer se trempe
  • Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
  • Sur le vide papier que la blancheur défend
  • Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
  • Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,
  • Lève l’ancre pour une exotique nature !
  • Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
  • Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs !
  • Et, peut-être, les mâts, invitant les orages,
  • Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
  • Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots ...
  • Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots !

MALLARME Stéphane (1842-1898)