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Stabat Mater

mardi 1er janvier 2013, par Silvestre Baudrillart

  • Stabat mater dolorosa
  • juxta crucem lacrimosa
  • dum pendebat Filius
  • Cujus animam gementem
  • constristatam et dolentem
  • pertransivit gladius.
  • O quam tristis et afflicta
  • fuit illa benedicta
  • mater Unigenti.
  • Quae maerebat et dolebat
  • pia mater dum videbat
  • nati poenas incliti.
  • Quis est homo qui non fleret
  • matrem Christi si videret
  • in tanto supplicio ?
  • Quis non posset contristari
  • Christi matrem contemplari
  • dolentem cum Filio ?
  • Pro peccatis suae gentis
  • vidit Jesum in tormentis
  • et flagellis subditum.
  • Vidit suum dulcem natum
  • moriendo desolatum
  • dum emisit spiritum.
  • Eia Mater, fons amoris,
  • me sentire vim doloris
  • fac ut tecum lugeam.
  • Fac ut ardeat cor meum
  • in amando Christum Deum
  • ut sibi complaceam.
  • Sancta Mater, istud agas,
  • crucifixi fige plagas
  • cordi meo valide.
  • Tui nati vulnerati
  • tam dignati pro me pati
  • paenas mecum divide.
  • Fac me vere tecum flere
  • crucifixo condolere
  • donec ego vixero.
  • Juxta crucem tecum stare
  • et me sibi sociare
  • in planctu desidero.
  • Virgo virginum praeclara
  • mihi jam non sis amara
  • fac me tecum plangere.
  • Fac ut portem Christi mortem
  • passionis fac consortem
  • et plagas recolere.
  • Fac me plagis vulnerari
  • fac me cruce inebriari
  • et cruore Filii.
  • Flammis ne urar succensus
  • per te Virgo sim defensus
  • in die judicii.
  • Christe, cum sit hinc exire,
  • da per matrem me venire
  • ad palmam victoriae.
  • Quando corpus morietur
  • fac ut animae donetur
  • paradisi gloria.

TEXTE FRANÇAIS

  • Debout, la mère des douleurs
  • Près de la croix était en pleurs
  • Quand son Fils pendait au bois
  • Alors, son âme gémissante
  • Toute triste et toute dolente
  • Un glaive la transperça.
  • Qu’elle était triste, anéantie,
  • La femme entre toutes bénie,
  • La Mère du Fils de Dieu !
  • Dans le chagrin qui la poignait,
  • Cette tendre Mère pleurait
  • Son Fils mourant sous ses yeux.
  • Quel homme sans verser de pleurs
  • Verrait la Mère du Seigneur
  • Endurer si grand supplice ?
  • Qui pourrait dans l’indifférence
  • Contempler en cette souffrance
  • La Mère auprès de son Fils ?
  • Pour toutes les fautes humaines,
  • Elle vit Jésus dans la peine
  • Et sous les fouets meurtri.
  • Elle vit l’Enfant bien-aimé
  • Mourir tout seul, abandonné,
  • Et soudain rendre l’esprit.
  • O Mère, source de tendresse,
  • Fais-moi sentir grande tristesse
  • Pour que je pleure avec toi.
  • Fais que mon âme soit de feu
  • Dans l’amour du Seigneur mon Dieu :
  • Que je lui plaise avec toi.
  • Mère sainte, daigne imprimer
  • Les plaies de Jésus crucifié
  • En mon cœur très fortement.
  • Pour moi, ton Fils voulut mourir,
  • Aussi donne-moi de souffrir
  • Une part de ses tourments.
  • Pleurer en toute vérité
  • Comme toi près du crucifié
  • Au long de mon existence.
  • Je désire auprès de la croix
  • Me tenir, debout avec toi,
  • Dans ta plainte et ta souffrance.
  • Vierge des vierges, toute pure,
  • Ne sois pas envers moi trop dure,
  • Fais que je pleure avec toi.
  • Du Christ fais-moi porter la mort,
  • Revivre le douloureux sort
  • Et les plaies, au fond de moi.
  • Fais que ses propres plaies me blessent,
  • Que la croix me donne l’ivresse
  • Du sang versé par ton Fils.
  • Je crains les flammes éternelles ;
  • O Vierge, assure ma tutelle
  • A l’heure de la justice.
  • -* O Christ, à l’heure de partir,
  • Puisse ta Mère me conduire
  • A la palme de la victoire.
  • ..
  • A l’heure où mon corps va mourir,
  • A mon âme fais obtenir
  • La gloire du paradis.