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Pédagogie de saint Josémaria

dimanche 29 juin 2014, par Silvestre Baudrillart

① Une expérience vitale : l’exemple d’un saint

a) Un enseignant… entre autres

● Il a enseigné le droit à des étudiants. Il soignait son élégance, la préparation des cours. Et il était affable, ouvert à la discussion. Il cultivait la relation personnelle : il retrouvait ses étudiants après les cours, au café. Apostolat.

● Préfet de séminaire, il était attentif et bienveillant, très pratique et très humain.

● Catéchisme à des enfants : expérience très variée !

● Mais il se définissait comme « prêtre avant tout », et n’était pas « seulement enseignant ».

b) Les centres d’enseignement

● Formation des 1ers prêtres : il voulait pour eux les meilleurs professeurs. Un niveau de doctorat.

● Cavabianca, centre de formation pour numéraires. Un lieu d’études convivial, un village. Tout sauf une caserne. Agrément, décoration, bien-vivre.

c) Les écoles qu’il a inspirées

Quelques principes communs :

 Écoles de parents : les parents sont les 1ers et principaux éducateurs, leur rendre ce droit

 S’adressent d’abord aux parents, ensuite aux professeurs, enfin aux élèves

 Non-mixité

 Vertus humaines : objectifs mensuels

 Présence chrétienne forte :

o Prière du matin et Angélus

o Catéchisme noté, dans l’horaire

o Confession accessible

o Crucifix, Vierge, chapelle, Présence réelle du Saint-Sacrement

 Préceptorat : un vrai suivi individuel. Chacun est une personne, que l’on écoute.

 Vraies exigences de travail, découlant de l’esprit de l’Opus Dei

② Conseils qu’il donnait

a) … d’abord aux PARENTS

 Ta meilleure affaire, ce sont tes enfants

Les enfants sont, pour les parents, l’investissement le plus important et le meilleur placement.

 Parents, soyez les amis de vos enfants

« Les parents doivent plutôt chercher à devenir les amis de leurs enfants ; des amis auxquels ceux-ci confient leurs inquiétudes, qu’ils consultent sur leurs problèmes et dont ils attendent une aide efficace et aimable. » (Quand le Christ passe, 27)

 L’école est un prolongement de la famille

● Tenir compte du facteur humain : « Ici non seulement on enseigne, mais on éduque, et les professeurs participent aux droits et aux devoirs du père et de la mère. » (Viaro, 21-11-1972)

● Relations assez fortes entre famille et professeurs : entretiens avec le père et la mère, dîners. Une amitié doit pouvoir se créer au fil du temps.

 Parler face à face

« Père, que devons-nous faire quand quelque chose dans l’école ne nous plaît pas ?
— En parler au directeur simplement ; il ne s’agit pas de protester, ce qui est trop facile, mais de collaborer, parce que vous, vous êtes la partie essentielle de l’école. Ensuite, ne pense pas — tu es raisonnable — que ce que tu dis est sûr et certain. Peut-être cela le sera-t-il à un moment donné ; alors on t’écoutera, et tu contribueras à la bonne marche de l’école. Mais il peut aussi arriver que tu te trompes, et alors on ne te suivra pas. Ne t’en fais pas : moi aussi, je me suis trompé très souvent. D’accord ? » (Viaro, 21-11-1972)

b) … ensuite aux PROFESSEURS

 Prier pour les élèves/leurs parents

« Une partie de ta vie intérieure doit consister à prier pour tes élèves, et pour leurs parents, qui sont encore plus intéressants. D’accord ? » (Viaro, 21-11-1972)

 Bien préparer ses cours, et être loyal

« Qu’ils voient que vous les aimez, que vous vous sacrifiez, que vous avez la science suffisante et que vous savez la leur transmettre avec savoir-faire, avec lumière, avec don des langues, de sorte qu’ils vous comprennent. Tu ne peux exiger d’eux ce que toi, tu n’as pas. Essaie de posséder cette science, et ensuite exige-la des autres. » (Gaztelueta, 12-10-1972)

 Éviter la trop grande « distance pédagogique ».

« Va à la rencontre » des élèves, « à mi-chemin, pour qu’ils parcourent volontairement l’autre moitié. »

 Humilité, malgré la « certitude professionnelle »

« La première vertu, c’est l’humilité, et en même temps, le sentiment bien naturel que toi, qui as préparé le cours, tu en sais plus que quiconque. Les deux sont parfaitement compatibles. » (Viaro, 1972)

 Vivre en chrétien, unité de vie

● La vie morale du professeur, même en matière privée, doit être exemplaire : tout se sait !

● « Ensuite, fréquente les sacrements, mène une vie de chrétien qui sait prier, d’une prière qui évite l’anonymat, parce qu’elle tend directement à chercher Dieu. » (Viaro, 21-11-1972)

c) … enfin aux ÉLÈVES

 Avant tout, sincérité

« Un enfant qui, dès son plus jeune âge, s’habitue à cracher le morceau — seul à seul, bien entendu — est un enfant merveilleux. » (Viaro, 21-11-1972)
… Au confesseur, au précepteur, « qui garde le silence professionnel et peut les aider de bien des manières : spirituellement, psychologiquement, matériellement »

 Loyauté, confiance envers les adultes

« Sois leur ami, sois bon et noble envers eux, sois sincère et simple. »
(Pozoalbero, 12-11-1972)

 Respect de la liberté

« La liberté, le Christ nous l’a gagnée sur la croix. » (Tabancura, 02-07-1974)
« Vous devez être aussi différents que le sont entre eux les saints du paradis, dont chacun a ses traits personnels et singuliers. — Et en même temps, vous devez être entre vous aussi ressemblants qu’eux, car ils ne seraient pas saints si chacun ne s’était pas identifié au Christ. » (Chemin, 947)

 Amitié

● S’intéresser à tous. « Que notre vie accompagne la vie des autres hommes, pour que personne ne se trouve ou ne se sente seul. Notre charité doit aussi être faite d’affection, de chaleur humaine. » (Quand le Christ passe, 36)

 Vertus humaines

 La base humaine de la sainteté.

« Ne croyons pas à la valeur de notre apparente vertu de saint, si elle n’est unie aux vertus ordinaires des chrétiens. — Ce serait porter de splendides bijoux sur des sous-vêtements. » (Chemin, 409)

 La générosité

« Donner et se donner, sans lésiner » (Chemin, 468)

 La force d’âme

« Ce qu’il y a à faire, on le fait… Sans hésiter… Sans ménagements. » (Chemin, 11)

 La pureté

« Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu » (Mt 5, 8)

« La pureté ? — interrogent certains. Et de sourire. — Ce sont ceux-là qui vont au mariage le corps flétri et l’âme désenchantée. » (Chemin, 120)

 La joie

« Une joie surnaturelle qui procède de l’abandon de tout et de toi-même dans les bras aimants de Dieu, notre Père. » (Chemin, 659)

 Goût du travail bien fait

« Sanctifier son travail, se sanctifier par le travail et sanctifier les autres par le travail » : ce résumé de l’esprit de l’Opus Dei manifeste l’importance de la spiritualité du travail dans l’Œuvre.

● Les vertus du travail : loyauté, justice, ponctualité, amabilité, persévérance, ordre…

 Sanctifier son travail

● La journée à Hautefeuille commence par une offrande du travail et de toutes les pensées et actions. « Tu n’offriras rien qui ait une tache » (Lév 22, 20) : le travail offert doit être soigné, parfait ; des cahiers bien tenus, des devoirs bien présentés…

● Profiter de son temps : « Quel dommage de tuer le temps, ce trésor de Dieu ! » (Forge, 706)

● Recourir aux sacrements : la Messe, la Confession

● Travailler avec acharnement : « Étudie. — Étudie avec opiniâtreté. — Si tu dois être sel et lumière, tu as besoin de science et de compétence.
Ou crois-tu que ta paresse et ton indolence vont te valoir la science infuse ? » (Chemin, 340)

● Poser la dernière pierre :

« L’héroïsme du travail consiste à ‘achever’ chaque tâche que l’on entreprend. » (Sillon, 488)

« Ce travail à moitié fait, ce n’est qu’une caricature de l’holocauste que Dieu te demande » (Forge, 700)

 Se sanctifier par le travail

● Le travail peut devenir prière :

« Pour un apôtre moderne, une heure d’étude c’est une heure de prière. » (Chemin, 335)

● Apprendre à se dépasser :

« Celui qui peut être savant, nous ne lui pardonnons pas de ne pas l’être. » (Chemin, 332)

● Le travail est une forge de vertus.

● Vivre aussi la charité : « Quand tu auras terminé ton travail, fais celui de ton frère, aide-le pour le Christ. » (Chemin, 440)

 Sanctifier les autres par le travail

● Le succès dans le travail est une source de prestige : « hameçon de pêcheurs d’hommes » (Chemin, 372).

● Celui qui veut influencer chrétiennement le monde qui l’entoure doit être sérieux dans son travail, car il en va de sa crédibilité.

● Travailler en chrétien, en unité de vie, amène à faire des choix qui ont une portée morale… à commencer par s’abstenir de tricher ou de copier en classe. Être apôtre, c’est aider les autres à vivre cette droiture.

● S’efforcer d’être exemplaire… et savoir demander pardon !

● Être apôtre, au milieu d’une majorité d’élèves chrétiens, cela signifie :

— Être droit, honnête et loyal
— Dans les jeux, accepter les règles, ne pas tricher
— Lutter pour bien vivre la vertu du mois
— Prier avec naturel et piété, en particulier à la Messe
— Élever le niveau des conversations
— Passer un moment chaque jour à la chapelle
— Avec les camarades, vivre la charité, ne pas médire
— Avec les professeurs, respect et amabilité
— Ne pas faire de sous-groupe, n’exclure personne
— S’intéresser aux non-croyants, aux non-pratiquants, être leur ami, ce sera la meilleure manière de les rapprocher de Dieu.