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Hermina

dimanche 18 décembre 2011, par Silvestre Baudrillart

  • J’atteignais l’âge austère où l’on est fort en thème,
  • Où l’on cherche, enivré d’on ne sait quel parfum,
  • Afin de pouvoir dire éperdument Je t’aime !
  • Quelqu’un.
  • J’entrais dans ma treizième année. Ô feuilles vertes !
  • Jardins ! croissance obscure et douce du printemps !
  • Et j’aimais Hermina, dans l’ombre. Elle avait, certes,
  • Huit ans.
  • Parfois, bien qu’elle fût à jouer occupée,
  • J’allais, muet, m’asseoir près d’elle, avec ferveur,
  • Et je la regardais regarder sa poupée,
  • Rêveur.
  • Il est une heure étrange où l’on sent l’âme naître ;
  • Un jour, j’eus comme un chant d’aurore au fond du coeur.
  • Soit, pensai-je, avançons, parlons ! c’est l’instant d’être
  • Vainqueur !
  • Je pris un air profond, et je lui dis : - Minette,
  • Unissons nos destins. Je demande ta main. -
  • Elle me répondit par cette pichenette :
  • - Gamin !

VICTOR HUGO (1802-1885)