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Clair de lune

dimanche 18 décembre 2011, par Silvestre Baudrillart

  • La lune était sereine et jouait sur les flots. -
  • La fenêtre enfin libre est ouverte à la brise,
  • La sultane regarde, et la mer qui se brise,
  • Là-bas, d’un flot d’argent brode les noirs îlots.
  • De ses doigts en vibrant s’échappe la guitare.
  • Elle écoute... Un bruit sourd frappe les sourds échos.
  • Est-ce un lourd vaisseau turc qui vient des eaux de Cos,
  • Battant l’archipel grec de sa rame tartare ?
  • Sont-ce des cormorans qui plongent tour à tour,
  • Et coupent l’eau, qui roule en perles sur leur aile ?
  • Est-ce un djinn qui là-haut siffle d’une voix grêle,
  • Et jette dans la mer les créneaux de la tour ?
  • Qui trouble ainsi les flots près du sérail des femmes ? -
  • Ni le noir cormoran, sur la vague bercé,
  • Ni les pierres du mur, ni le bruit cadencé
  • Du lourd vaisseau, rampant sur l’onde avec des rames.
  • Ce sont des sacs pesants, d’où partent des sanglots.
  • On verrait, en sondant la mer qui les promène,
  • Se mouvoir dans leurs flancs comme une forme humaine... -
  • La lune était sereine et jouait sur les flots.

Victor HUGO (1802-1885)

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