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Ballade du Duel

mardi 1er janvier 2013, par Silvestre Baudrillart

  • Je jette avec grâce mon feutre,
  • Je fais lentement l’abandon
  • Du grand manteau qui me calfeutre,
  • Et je tire mon espadon ;
  • Élégant comme Céladon,
  • Agile comme Scaramouche,
  • Je vous préviens, cher Myrmidon,
  • Qu’à la fin de l’envoi je touche !
  • Vous auriez bien dû rester neutre ;
  • Où vais-je vous larder, dindon ?...
  • Dans le flanc, sous votre maheutre ?...
  • Au cœur, sous votre bleu cordon ?...
  • - Les coquilles tintent, ding-don !
  • Ma pointe voltige : une mouche !
  • Décidément… c’est au bedon,
  • Qu’à la fin de l’envoi je touche.
  • Il me manque une rime en eutre…
  • Vous rompez, plus blanc qu’amidon ?
  • C’est pour me fournir le mot pleutre !
  • - Tac ! je pare la pointe dont
  • Vous espériez me faire don ; -
  • J’ouvre la ligne, - je la bouche…
  • Tiens bien ta broche, Laridon !
  • À la fin de l’envoi je touche.
  • Envoi.
  • Prince, demande à Dieu pardon !
  • Je quarte du pied, j’escarmouche,
  • Je coupe, je feinte… Hé ! là donc,
  • À la fin de l’envoi je touche.

Edmond Rostand (1868-1918), Cyrano de Bergerac, I, 4